Melody Gardot

Elle était belle, et bien là, à Palestra, pour un concert tout en rondeur, à plus d’un titre. Melody Gardot a enrobé la salle de sa voix de velours avec élégance et simplicité, entourée de six musiciens tout aussi virtuoses que la plus parisienne des américaines du New Jersey. « Bonsoir Chaumont, la ville du volley. Ca tombe bien, moi aussi je suis venue avec mon ballon », déclare en préambule la jeune-femme au ventre arrondi. Melody Gardot est séductrice, envoûtante, et captive son public par des échanges de bons mots, entame une conversation tantôt parlée, tantôt chantée. Cuivres, piano, guitare, batterie s’entremêlent comme si c’était facile, d’une banale évidence, qu’on en oublierait presque le niveau monumental des hommes derrière les instruments. 

Voix de vinyle et femme de son époque

Melody Gardot et sa troupe, c’est une bulle de coton cousue de jazz, de swing et de blues. Il semblerait écouter un vieux vinyle alors que le live est bien là, fragile comme une impro et solide comme un grand classique. La crooneuse a osé, récemment, témoigner de ses difficultés personnelles, passées comme présentes, sur les ondes. Grave accident de vélo à 19 ans qui façonnera sa vie et son art malgré des séquelles physiques et cognitives importantes, grossesse surprise à 40 ans, rupture sentimentale… Sa venue à Chaumont, maintenue, sincère et généreuse, est un véritable cadeau fait au territoire, par une femme aussi résolument vintage dans le style, qu’ancrée dans son époque. Du très grand à Palestra.

— Élise Sylvestre